domingo, 7 de abril de 2013

Poesia - Poesie: Leopold Sedar Senghor (Senegal 1906-2001) - Prière aux masques - Oración a las máscaras - Femme noire - Mujer negra - Perles - Perlas - Links






Prière aux masques

Masques ! Ô Masques !
Masque noir masque rouge, vous masques blanc - et noir -
Masques aux quatre points d'où souffle l'Esprit
Je vous salue dans le silence !
Et pas toi le dernier, Ancêtre à tête de lion.
Vous gardez ce lieu forclos à tout rire de femme, à tout
sourire qui se fane
Vous distillez cet air d'éternité où je respire l'air de mes
Pères.
Masques aux visages sans masque, dépouillés de toute fossette
comme de toute ride
Qui avez composé ce portrait, ce visage mien penché sur
l'autel de papier blanc
A votre image, écoutez-moi !
Voici que meurt l'Afrique des empires — c'est l'agonie
d'une princesse pitoyable
Et aussi l'Europe à qui nous sommes liés par le nombril.
Fixez vos yeux immuables sur vos enfants que l'on commande
Qui donnent leur vie comme le pauvre son dernier vêtement.
Que nous répondions présent à la renaissance du Monde
Ainsi le levain qui est nécessaire à la farine blanche.
Car qui apprendrait le rythme au monde défunt des machines
et des canons ?
Qui pousserait le cri de joie pour réveiller morts et orphe-
lins à l'aurore ?
Dites, qui rendrait la mémoire de vie à l'homme aux espoirs
éventés ?
Ils nous disent les hommes du coton du café de l'huile
Ils nous disent les hommes de la mort.
Nous sommes les hommes de la danse, dont les pieds
reprennent vigueur en frappant le sol dur.


Oración a las máscaras

"¡Máscaras! ¡Oh máscaras!
Máscara negra, máscara roja,
máscaras blanquinegras.
Máscaras de todo horizonte
de donde sopla el Espíritu,
os saludo en silencio.
Y no a ti el último Antepasado
de cabeza de León.
Guardáis este lugar prohibido
a toda sonrisa de mujer,
a toda sonrisa que se marchita.
Destiláis ese aire de eternidad
en el que respiro el aliento de mis Padres.
Máscaras de rostros sin máscara,
despojados de todo hoyuelo y de toda arruga,
que habéis compuesto este retrato,
este rostro mío inclinado sobre el altar de blanco papel.
A vuestra imagen, ¡escuchadme!
Ya se muere el África de los imperios,
es la agonía de una princesa deplorable.
Y también Europa
a la que nos une el cordón umbilical.
Fijad vuestros ojos inmutables
en vuestros hijos dominados que dan su vida como el pobre su última ropa.
Que respondamos con nuestra presencia
al renacer del mundo,
como es necesaria la levadura a la harina blanca.
¿Pues quién enseñaría el ritmo de las máquinas
y de los cañones al mundo desaparecido?
¿Quién daría el grito de alegría para despertar
a muertos y a huérfanos al amanecer?
Decid, ¿quién devolvería el recuerdo de la vida
al hombre de esperanzas rotas?
Nos llaman los hombres del algodón,
del café, del aceite,
nos llaman los hombres de la muerte.
Somos los hombres de la danza,
cuyos pies recobran fuerza
al golpear el duro suelo."

Léopold Sédar Senghor (Sénégal, 1906-2001)



Femme noire

Femme nue, femme noire
Vêtue de ta couleur qui est vie,
de ta forme qui est beauté !
J'ai grandi à ton ombre,
la douceur de tes mains bandait mes yeux.
Et voilà qu'au cœur de l'Été et de Midi,
je te découvre,
Terre promise, du haut d'un haut col calciné
Et ta beauté me foudroie en plein cœur,
comme l'éclair d'un aigle.

Femme nue, femme obscure
Fruit mûr à la chair ferme,
sombres extases du vin noir,
bouche qui fait lyrique ma bouche
Savane aux horizons purs,
savane qui frémis
aux caresses ferventes du Vent d'Est
Tamtam sculpté, tamtam tendu
qui gronde sous les doigts du vainqueur
Ta voix grave de contralto
est le chant spirituel de l'Aimée.
(...)


Mujer negra

" ¡Mujer desnuda, mujer negra
Vestida de tu color que es vida,
de tu forma que es belleza!
He crecido a tu sombra;
la suavidad de tus manos vendaba mis ojos.
Y en pleno verano y en pleno mediodía,
te descubro.
Tierra prometida desde la alta cima de un puerto calcinado,
tu belleza me fulmina en pleno corazón,
como el relámpago del águila.

Mujer desnuda, mujer oscura,
fruto maduro de carne tersa,
sombrío éxtasis del vino negro,
boca que haces lírica mi boca,
sabana de horizontes puros,
sabana estremecida
bajo caricias ardientes del viento del Este.
Tamtan esculpido, tamtan terso
que ruges bajo los dedos del vencedor.
Tu voz grave de contralto
es el canto espiritual de la Amada.
(...)

Léopold Sédar Senghor (Sénégal, 1906-2001)


Perles
Perles blanches,
Lentes gouttelettes,
Gouttelettes de lait frais,
Clartés fugitives le long des fils télégraphiques,
Le long des longs jours monotones et gris !
Où vous en allez-vous ?

À quels paradis ? À quels paradis ?
Clartés premières de mon enfance
Jamais retrouvée...



Perlas

¡Perlas blancas,
lentas gotitas,
gotitas de leche fresca,
claridades fugitivas a lo largo de los hilos
telegráficos,
a lo largo de los días monótonos y grises!
¿A dónde vais?

¿A qué paraísos? ¿A qué paraísos?
Claridades primeras de mi infancia
nunca reencontrada...

Léopold Sédar Senghor (Sénégal, 1906-2001)


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